Le studio de décoration d’intérieur Horizon Coquelicot Quimper a décidé de mettre en lumière, 4 peintres qui furent également décorateurs, au XIX e et XX e siècle. Qui sont-ils ? Pourquoi avoir choisi ce que l’on appelle l’Art total ? Comment ce métier passionnant a-t-il évolué au cours du temps ? Nous vous expliquons pourquoi décor et intérieur ne font qu’un.
Quand les peintres deviennent décorateurs : l’art total du décor au XIXe et XXe siècle.
A la croisée de l’art et de l’art de vivre, certains peintres ont décidé de se distinguer de leurs confrères et ce, en vue de réinventer l’espace lui-même. Décorer consistait alors en la création d’un décor global, associant fresques, textiles, mobilier et paravents. Focus sur ces artistes visionnaires du XIX e et XX e siècles, qui ont su transformer nos intérieurs, avec talent, en véritables œuvres d’art.
Décorer, c’est créer un décor : la vision des artistes peintres.
Ce qu’il est important de souligner pour le studio Horizon Coquelicot, c’est que le verbe « décorer » ne consiste pas à habiller l’espace, mais à créer un véritable univers. Nous verrons notamment comment le mouvement breton des SEIZ BREUR (7 frères), a su allier les codes esthétiques populaires bretons et la modernité, pour les dépasser et en faire une véritable identité. Historiquement, certains peintres ont ressenti le besoin, de passer au-delà de l’espace de la toile…devenue trop petite à leurs yeux pour exprimer leur vision globale de leur Art. D’emblée, nous pensons à l’art romain, ou les fresques murales habillaient les pièces des demeures de riches personnalités. Expression du Pouvoir, ces fresques symbolisaient aussi et d’abord, la traduction d’une appréhension globale de l’espace à peindre.

DR. Fresque romaine.
Et plus, plus proche de nous, nous pouvons évoquer la maison de Monet à Giverny, entièrement repensée par l’artiste, par ce jaune si expressif. Sa maison fut pensée comme une œuvre décorative totale. Le jaune pour Monet représentait la lumière de soleil. Sans oublier le décor des Nymphéas lui-même : impressionnante plongée picturale au cœur de l’œuvre, dans l’écrin de l’Orangerie de Paris, pensé et étudié spécialement pour cet espace ovale. Une sorte de vue 3D immersive, avant l’heure !

DR. La salle des Nymphéas de Monet. Ancien Musée du Jeu de Paume. Paris.

DR. Salle à Manger jaune de Monet. Giverny.
Matisse, quant à lui, nous propose de voyager au-delà de la lumière, grâce à ses vitraux réalisés pour la Chapelle du Rosaire, à Saint-Paul de Vence. La plénitude de l’espace prend vie grâce au regard et au choix des couleurs et des dessins de Matisse. L’univers de ce dernier, trouve ici son apogée graphique et esthétique.

DR. Vitraux de Matisse pour la chapelle du Rosaire à Vence.
L’influence des mouvements Art Nouveau, Art Déco et Nabis.
Le crédo avoué du mouvement breton des Seiz Breur : « embellir le quotidien ».
Alors que les Arts dits décoratifs et les arts dits populaires sont parfois considérés comme antinomiques, le collectif breton des artistes des Seiz Breur (1923), a su relever le défi de la passerelle entre ces deux « mondes ». Parce que les arts se nourrissent toujours d’influences esthétiques passées, le studio Horizon Coquelicot met également en lumière l’influence du mouvement des Seiz Breur. C’est une femme qui en est à l’origine : Jeanne MALIVEL * (1896-1926), décoratrice et graveuse.
« Notre esprit est de constituer un ensemble bien en harmonie dans toutes les branches et qui soit : premièrement breton, deuxièmement moderne, troisièmement populaire » (Jeanne Malivel)
Ce groupe d’artistes (composé principalement de Jeanne Malivel, Georges Robin, René-Yves Creston et Suzanne Candré), dont le temps créatif s’étend entre 1923 et 1947, entend rejetter le pittoresque décoratif qui règne dans les habitations bretonnes. Ils veulent moderniser les codes graphiques et l’habitat breton, dans son ensemble (textile, céramique, mobilier, ambiance décorative). Les arts populaires anciens sont leur crédo, leur imagination, leur meilleure alliée ! Leur objectif est simple : envisager un « art national » spécifiquement breton, qui fait inévitablement transparaître les codes esthétiques et les recherches du mouvement des Arts Déco en Europe. L’art et l’artisanat doivent y trouver une émulation commune. Le rejet de la « bretonnerie » ou « biniouserie » constitue alors leur manifeste. L’ambiance de la pièce unique qu’ils vont créer pour le pavillon breton de l’exposition des arts décoratifs, industriels et modernes de Paris (en 1925), est baptisée « L’Osté ». Le tissu mural, les meubles, les céramiques qui y sont présentées constituent un ensemble cohérent et esthétique. Cette ambiance reconstituée, sorte d’œuvre d’art totale, fait écho à celle des maisons traditionnelles du pays Gallo.

DR Le Télélgramme. Pavillon breton. L'Osté de Seiz Breur. Expo universelle des Arts Déco de 1925. Paris.
D’autres peintres seront également décorateurs, comme Paul Sérusier. Un tout nouveau musée vient d’ouvrir sur Châteauneuf du Faou (29), dédié à son œuvre et à son épouse Marguerite. Le studio de décoration d’intérieur Horizon Coquelicot Quimper s’y est rendu récemment. Nous y découvrons le travail d’un couple d’artistes, motivé par la terre bretonne, ses paysages, son intense vibration des couleurs et des formes, mais aussi, son regard plein et entier au-delà des conventions classiques de la toile peinte. Un mur, un paravent, l’intérieur d’une église : d’autres supports deviennent prétextes à création. Comme le disait Jan Verkade, peintre néerlandais et nabi lui-même : « Des murs, des murs à décorer ! A bas la perspective ! Le mur doit tester surface, ne doit pas être percé par la représentation d’horizons infinis. Il n’y a pas de tableaux ; il n’y a que des décorations ».
Pour l’artiste Paul Sérusier, l’art du décor est très important. Selon lui, le but ultime de l’art se réalise grâce au décor. C’est ainsi qu’il peindra les murs de la salle à manger de la buvette de de la plage, au Pouldu (Pont-Aven). Admiratif du travail de Gauguin, Paul Sérusier considère que l’art joue un rôle décoratif. Selon Maurice Denis « nous en voyions en Gauguin, que l’exemple péremptoire de l’expression par le Décor (…). Tout tableau a pour but de décorer, doit être ornemental. »
L’influence du Japon en Occident, période dite du japonisme en 1888, marquera fortement les artistes, à la fois par la mise en page des sujets traités sur l’espace de la toile (cf. le cercle dans lequel s’inscrit le portrait de « La belle Angèle » de Gauguin), mais aussi par cet art global, qui embrasse les panneaux des maisons et se déploient sur les paravents. L’Art Nouveau contribue lui aussi à exprimer l’idée de cette quête d’un décor moderne, propre à leur époque. Les Arts dits décoratifs ne sont pas secondaires pour Sérusier : bien au contraire. L’art doit épouser la pluralité des aspects de la vie quotidienne. C’est ainsi que Sérusier réalisa également des décors pour le théâtre. L’art dit « monumental » prend désormais tout son sens. Entre 1891 et 1893, Paul Sérusier séjourne à Huelgoat. Il peint alors à même les murs de son atelier. Dans l’église paroissiale de Châteauneuf du Faou, Sérusier réalisa la grande fresque du baptistère.
L’Art total : quand peinture, mobilier et textile ne font plus qu’un.
Pour l’Art nouveau, rien de plus simple. Vers 1890, le message est clair. Plus de tableau de chevalet ! A bas les meubles inutiles ! Le travail du peintre commence là où l’architecte considère le sien comme terminé. « Il n’y a pas de tableaux, il n’y a que des décorations », selon Jan Verkade. D’ailleurs, il suffit de regarder le tableau dit du Talisman de Sérusier (1888), appelé aussi, Paysage du bois d’Amour (de Pont Aven NDLR), pour se rendre compte que l’art de peindre ne consiste plus à copier la Nature, mais bien à la représenter telle que l’artiste la voit, la ressent, au travers de son œil créatif et interprétatif. Cette façon de voir, inédite, donne naissance au mouvement des Nabis (prophète, en hébreu), dont les artistes les plus connus sont Sérusier bien sûr, Vuillard, Bonnard, Maurice Denis, Jan Verkade. L’espace pictural devient « plat », empli de morceaux peints, richement orné, comme le serait un décor de théâtre. Les Arts appliqués et les Beaux-Arts ne feront plus qu’un. Pour les Nabis, l’œuvre d’art doit être totale ; la pièce est pensée comme un « tout », associant lumière, sons, mise en scène, costumes, tissus et décors. L’art doit être d’abord décoratif : ils dessinent des papiers peints, des abats jours, des tapisseries, des cartons de vitraux, des paravents et éventails.

DR. Eglise Saint-Julien, Châteauneuf du Faou. Paul Sérusier. 1904.
Quatre peintres décorateurs qui ont marqué le XIX et XXe siècle.
Edouard VUILLARD (1868-1940), décorateur et scénographe.
Cet artiste nabi sera sans conteste, le plus expressif dans cet art dit du « décor ». Il collabore avec des théâtres d’avant-garde et réalise notamment les décors de L’intruse de Maurice Maeterlink, pour le théâtre d’art de Paul Fort. L’art de la scénographie devient une évidence. Elle magnifie la pièce de théâtre, le jeu d’acteurs et le rôle des artistes peintres dépasse alors le simple jeu visuel. Ils deviennent essentiels pour le domaine théâtral. Décorer, c’est créer un décor ! Nous pouvons aussi évoquer cette suite de panneaux Desmarais (1892), destinés à un dessus de porte, pour un hôtel particulier parisien. Ils sont inspirés du japonisme kakemono.

DR. Décor pour le théâtre des Champs Elysées Paris.

DR. Panneaux Desmarais, par Vuillard.
Jean Dunand (1877 – 1942) et les paquebots de légende.
Bien qu’il ne soit pas peintre, le studio Horizon Coquelicot Quimper n’a pas résisté à la tentation de vous présenter également l’une des figures majeures de l’Art Déco, en la personne de Jean Dunand. Son patronyme est lié aux paquebots et notamment à celui du Normandie, pour lequel il réalisa les décors intérieurs. Il fut à la fois sculpteur, décorateur, créateur de paravents, dinandier et laqueur. Mais c’est surtout pour le Normandie que Jean Dunand laisse trace de sa formidable patte. Dixit Wikipédia : « pour ce paquebot, Dunand réalise en 1931, un ensemble spectaculaire, couvrant plus de 1 200 m², de cinq panneaux de grande taille (6 mètres de haut sur 5,80 mètres de large), sculptés en bas-relief, couverts de laque d’or et de couleurs, sur le thème Jeux et Joies de l'homme. La Pêche, Les Sports[18], La Conquête du cheval[19], Les Vendanges et La Danse, qui ornent le fumoir et une partie du salon des premières classes. »

DR. Décor en laque et or sur le thème du sport. Par Jean Dunand. Paquebot Le Normandie.

DR. Intérieur du Normandie.
Voir la VIDEO du Normandie et ses salons de 1ere classe.
Sonia Delaunay (1885 – 1979) et le style simultané.
Cette artiste peintre, figure majeure de l’Avant garde artistique de l’entre deux guerres, a travaillé aux côtés de son mari Robert Delaunay, au cœur d’une quête de la couleur pure, dite de l’Orphisme : à savoir, la recherche du mouvement des couleurs simultanées. Artiste plurielle, l’épouse de Robert Delaunay a expérimenté la peinture sur plusieurs supports, jusqu’aux Arts Décoratifs : vêtements textiles, reliures, objets, mobilier et décoration intérieure. Selon elle, les disciplines devaient s’enrichir l’une de l’autre, actant de l’envahissement de la couleur dans nos vies. Une quête de l’Art total et universel qui la motiva sans cesse, dans son travail de plasticienne. C’est ainsi qu’elle ouvrira la maison « Sonia Delaunay » sur Paris (1925-1930) ; elle y vendra des modèles de tissus déposés, des vêtements, du mobilier, des tapis et des tableaux. L’une de ses œuvres majeures reste le grand tableau destiné à la décoration du Salon des Tuileries de Paris, baptisé « Rythme » (1938), récemment restauré, in situ, par le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

DR. Rythme (1938), Huile sur toile. 536x595 cm. Sonia Delaunay.
Voir la vidéo de l’expo consacrée à Sonia Delaunay : « Les couleurs de l’Abstraction », par Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 2014-2015.
Marie Laurencin (1883-1956) et les ballets russes.
Artiste peintre française, graveur et illustratrice, elle aura pour admirateur le poète et artiste Max Jacob (né à Quimper). Ses personnages aux visages pâles, sont reconnaissables entre tous. Marie Laurencin sera également décoratrice de ballets néoclassiques.
Voir son Oeuvre (vidéo de 12 min)
Héritage et modernité : quand le décor devient art de vivre.
Au traves de ces quatre exemples significatifs, le studio Horizon Coquelicot vous démontre que l’Art ne se limite pas à l’espace de la toile seule. Les artistes ont très tôt cherché à dépasser ses limites, pour investir l’espace autrement, y compris sur d’autres types de supports : tissu, mobilier, etc. Beaucoup d’artistes ont cherché à abolir la frontière entre « beaux-arts » et « arts décoratifs », surtout à la fin de XIX e siècle et au début du XXe siècle. Décorer, ce n’est pas seulement embellir, mais c’est d’abord créer un univers cohérent ou l’art s’invite dans chaque geste du quotidien. Le décor n’est plus qu’un simple fond, il devient langage, reflet d’une époque et miroir d’une personnalité. Grâce à ces pionniers, la maison est conçue comme un espace d’expression intime et collective. A savoir, vivre dans des intérieurs uniques…
Pourquoi le décor reste essentiel aujourd’hui.
En fin de compte, les artistes nous démontrent très simplement, par leur approche de l’espace architectural (décors de théâtre, costumes et décors de ballets, salon d’exposition, intérieurs bourgeois, etc), que le décor est plus qu’une simple apparence. Celui-ci révèle, donne du sens et une âme à l’espace. Il raconte une histoire, crée une atmosphère avec ses occupants. Le décor traduit aussi nos valeurs et notre identité. Car finalement, dans notre monde standardisé, le décor reste l’unique manière de se réapproprier son intérieur, en y inscrivant notre singularité. Mais le décor est aussi et surtout ce qui relie le beau et l’utile ! Le décor doit nous stimuler, nous apaiser et bien entendu structurer l’espace. Il fait le lien entre esthétique et fonction, entre confort et émotion. Plus largement, selon le studio Horizon Coquelicot Quimper, le décor exprime bien plus qu’un simple style. Un papier peint, une fresque, une céramique murale ou un panneau décoratif, traduisent un engagement artistique et culturel.
Conclusion
Décorer, c’est créer un décor : celui de vos envies, de vos souhaits esthétiques et émotionnels. Le décor relie passé et présent, est à même de transformer chaque intérieur (ou une pièce), en une œuvre personnelle, sensible et vivante. L’Art total, c’est d’abord cela : abolir les frontières spatiales pour y apposer sa patte distinctive. Décorer, ce n’est plus seulement orner, mais c’est impliquer votre propre histoire dans un intérieur qui exprimera votre art de vivre et votre sensibilité.
Et si vous faisiez de votre maison, votre plus belle toile ?
Le studio Horizon Coquelicot vous propose de réinventer vos intérieurs en œuvres uniques et sensibles. Vous appréciez un thème (mer, voyages, etc), un artiste breton (ou pas), une couleur en particulier ? La créativité du studio Horizon Coquelicot Quimper et de ses partenaires artistes et artisans d’art, vous permettront d’atteindre un niveau décoratif et de prestations uniques, sur mesure.
Céline Marie GESSIER. Studio Horizon Coquelicot. Rédigé sans l’IA. 09/97/2025.
Contact : cmgessier@horizon-coquelicot.fr
Image d'illustration de l'article. DR. L'Osté, par le mouvement Seiz Breur. Pavillon des arts décoratifs de Paris. 1925.